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05 Jan

Leçon sur l'ART et la TECHNIQUE

 - Catégories :  #Leçon, #TST2S, #TS1

Concerne la TST2S et la TS1

Bonjour,

voilà la leçon sur l'ART et la TECHNIQUE ; vous en souhaitant une bonne lecture. Pensez à l'inclure dans votre cahier...

L’ART  et la – TECHNIQUE

                                                                      

Par la notion d’art, tout d’abord, se manifeste tout un imaginaire où l’homme créé le beau qui est, pour Hegel, un tremplin vers l’absolu, pour Kant, le fait esthétique de l’objet de satisfaction universelle qui provoque un plaisir désintéressé ou pour Stendhal, selon Nietzsche, une promesse de bonheur. Mais il n’en a  pas toujours été ainsi et, pour ainsi dire de tradition tant l’art a longtemps nourri une certaine méfiance et à l’adresse des artistes en particulier ; avec Platon, par exemple, ce sont les beaux arts et ces imitateurs[1] – issus de l’imagination humaine – qui subissent une condamnation parce qu’ils trompent l’œil, qu’ils ne sont qu’une mimêsis et une mimêma en grec, qu’ils ne sont pas l’œuvre de la nature elle-même mais une pâle copie, une imitation et une image de celle-ci. Par ailleurs, les deux champs[2] ne cessent d’être opposés par leur définition respective. Pourtant, l’art était originairement lié à la technique : d’abord en grec, par le terme technê, puis ars en latin, le terme désignant tout à la fois le créatif dans l’idée du beau, ainsi que le savoir-faire dans l’idée de maîtrise. Ceci dit, le sens donné à l’art s’est peu à peu affranchi de toute idée d’utilité ; quant à la la technique, après l’habileté, la maîtrise sur la nature et l’idée de progrès humain, elle est à présent liée à son augmentation, voire à une menace.

  • L’Art revêt alors une ambiguïté pour ainsi dire, car il renvoie à la fois à la pratique des beaux arts et à la technique, mais aussi au travail et à commencer par celui de l’artisan, autant qu’à celui de l’artiste. Ceci dit, il se différencie par le fait même du caractère disons, utilitaire du premier quand le travail de l’artiste, lui, est tourné presque exclusivement vers l’idée du beau, dans son appréciation et sa recherche et donc de l’ordre de l’esthétique. Pour le dictionnaire Lalande[3] l’Art ou les Arts désignent toute production de la beauté par les œuvres d’un être conscient. Le terme d’esthétique, du grec aisthésis, quant à lui signifie sentiment et recouvre la faculté de perception, du beau en l’occurrence. Ainsi, pour Kant (1724-1804), Est agréable ce qui plaît aux sens dans la sensation (...) Le beau est ce qui est représenté, sans concept, comme l’objet d’une satisfaction personnelle[4]. Ainsi, avec Kant, si l’art à travers l’idée de beau – est une question de perception sensible et de jugement a priori, elle a valeur avant tout d’universalité subjective seulement. Autrement dit, ce qui est beau pour quelqu’un ne l’est pas nécessairement pour un autre. Le jugement de goût est donc assertorique[5].        

           

  • Si Platon le critique en général, en tant que pâle imitation parce qu’il éloigne du monde intelligible et celui des Idées – au point qu’il faille chasser les poètes de la cité –, pour son élève, Aristote (384-322 av. J.-C.), l’art est une disposition susceptible de création, accompagné de raison vraie ; c’est le fait d’agir en fabricant son outil. Cette faculté d’agir chez l’homme, pour le très savant[6] philosophe du lycée, relève de la création et non de la phusis, c’est-à-dire de la nature, en grec, et de la poïesis, la fabrication ou l’activité opératoire, et de to poïeîn, l’agir, ou la praxis et donc l’action. Ainsi, pour lui le poète est un faiseur de vers. Pour revenir à Platon, dans La République, ce dernier condamne le texte seul de la poïesis des poètes, parce qu’il n’est que fantasme et imitation, selon lui ; alors que dans le Phédon, il loue la poésie de Socrate, pour son inspiration qu’il nomme mousikê, comme ce don, ce génie créateur de l’art de la muse.

   

  • Ceci dit, réside encore un dilemme car si pour Platon, le beau est avant tout dans la phusis, il en va différemment pour Hegel, pour qui le beau naturel est une Idée sensible et objective, parce que la vie qui anime la nature est belle et pour qui le beau artistique est supérieur au beau naturel, parce qu’il est produit de l’esprit. Le beau artistique tient sa supériorité du fait qu’il participe de l’esprit et, par conséquent, de la vérité[7]. Avec Nietzsche (1844-1900), s’agissant d’esthétique et d’éviter le problème du spectateur d’art, prévalent  deux principes qu’il nomme du nom de deux divinités grecques, Apollon et Dionysos, et qui font allusion à deux pulsions artistiques de la nature : le rêve incarnant la satisfaction pulsionnelle à la faveur du dieu Apollon ; et l’ivresse, qui incarne la pulsion dionysiaque. Alors, s’il imite encore la nature, l’artiste incarne dorénavant, avec Nietzsche, les pulsions artistiques de la nature. Avec lui, la nature, pour ainsi dire, reprend ses droits.  

    

            Si nous devions conclure ici, il s’agirait de revenir à l’endroit où se rencontrent l’art et la technique, dans l’œuvre d’art. Ainsi, terminons ici avec l’art et la technique et Hannah Arendt (1906-1975) – dans La crise de la culture et au chapitre IV de la Condition de l’homme moderne – pour qui l’œuvre humaine produit des artifices humains plus durables que la nature elle-même. Mais, les créations proprement humaines le sont de plus en plus au détriment de la nature, et la technique s’en trouve assujettie à la logique de consommation. Ainsi, seule l’œuvre d’art semble résister au temps en tant que symbole de l’humaine condition. Mais qu’en est-il de la technique ? Par exemple, l’être humain du futur a-t-il à craindre de la machine ? Quand la technique a permis à l’homme de se développer et, par-delà même sa propre nature, à se libérer de certaines contraintes, celle-ci pourrait-elle le remplacer dans ses activités en général, et  dans la création artistique en particulier ?

 

[1] Au Livre X/600-602, en effet, de La République, Platon dit que le créateur d’images, l’imitateur ne connaît que l’apparence (...) il n’a aucune connaissance valable de ce qu’il imite (...)  ni science ni opinion droite touchant la beauté ou les défauts de choses qu’il imite.

[2] Dans le sens du domaine considéré et faisant l’objet d’activités, d’études et d’assertions particulières.

[3] Du nom éponyme de André Lalande, dont l’idée de rédiger ce recueil dit Vocabulaire technique et critique de la philosophie remonte aux années 1898-1900.

[4] Critique de la faculté de juger, Deuxième moment du jugement de goût considéré selon sa qualité, §3-6.

[5] Si on peut discuter du goût, (dialectique du jugement esthétique), le jugement, lui, ne peut être prouvé.

[6] Aristote peut être en effet considéré comme l’un des tous premiers scientifiques, en biologie en particulier.

[7] Dans la Phénoménologie de l’esprit.                                                                                        

Leçon sur l'ART et la TECHNIQUE
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À propos

Enseignement de la philosophie des TS1 et TST2S de M. Xavier Moreau au Lycée F. Mitterrand à Moissac