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15 Nov

Leçon sur la RELIGION

 - Catégories :  #Leçon, #TS1

Concerne la TS1

 

Bonjour,

À présent que nous avons étudié le texte d'Épicure, la Lettre à Ménécée, vous pouvez commencer à prendre connaissance de la leçon sur la RELIGION ; le cours suivra, bonne lecture...

La RELIGION

            Dès lors qu’il s’agit de religion, nombre d’interrogations se posent : Peut-on dire de la religion qu’elle est universelle ? ou si il n’y a qu’un Dieu, pourquoi existe-t-il autant de religions différentes ? Et en suivant, est-il raisonnable de croire ? ou croire, est-ce renoncer à l’usage de la raison ? ou encore, faut-il, nécessairement, choisir entre croire et savoir ? Ainsi, la religion a-t-elle toujours existé et, en ce cas, pour quelle raison, au juste ? Avant que de tâcher d’y voire plus clair, faut-il dés l’abord commencer par définir ce que le terme implique, et en commençant par son étymologie. Pour les Anciens – et jusqu’à Augustin (354-430) – le sens prend sa source avec le latin et religare, c’est-à-dire lier, ou attacher, et donc ce qui oblige les hommes à se lier aux dieux ; mais aussi à s’unir, à se relier, à s’attacher entre-eux, à se rendre solidaires. Signalé par Cicéron, le terme relegere exprime lui l’idée de se rassembler. Par suite, dérivant donc, a priori, des deux verbes religare et relegere, le substantif religio, exprime une idée de qualité, celle-ci s’opposant alors à la superstitio, cette dernière qui, elle, se fonde sur l’ignorance, et donc sur la crainte ; parce que l’homme craint la mort et, ainsi, par superstition (assortie de crédulité, de fantasme – irrationnel, car sans aucun fondement réel) tout ce qui pourrait lui arriver. La superstition est contraire à la raison !

 

  • Pourtant, si la religion ne peut, aujourd’hui, être amalgamée avec la superstition, pour le brillant juriste et orateur romain que fut Cicéron (106-43 av. J.-C.), le mot religio était autant emprunt de respect que de crainte à l'égard des dieux et envers lesquels l’on se devait par conséquent de rendre hommage. Hume (1711-1776)[1], pour qui seuls l’expérience et les faits comptent, de rappeler l’illusion du dogmatisme et des toujours possibles prosopopées[2] : Les hommes ont une tendance universelle à concevoir tous les êtres à leur ressemblance et à transférer à tous les objets les qualités (...) dont ils ont une conscience intime ; qu’il faut alors se méfier de l’imagination des hommes, et qui plus est de la métaphysique, parce qu’il est illusoire de penser que ses objets (l’âme ou Dieu) nous sont accessibles. Ainsi, n’oublions pas le procès de Socrate, en 399 av. J.-C., qui fut alors condamné pour impiété ; c’est-à-dire, selon Mélétos son accusateur, que Socrate était coupable de ne reconnaître aucun dieux, non seulement lui-même, mais d’enseigner aux autres à faire de même[3].

                                                        

  • Einstein (1879-1955), répondant à un journaliste qui lui demandait maître, croyez-vous en l’existence de Dieu ? de lui répondre, Définissez-moi d’abord ce que vous entendez par Dieu et je vous direz si j’y crois. Ainsi, revenons à la religion, et au fait non seulement de croire en Dieu mais également de ne pas y croire, et à ce fait universel[4], à proprement dit ; car toutes les cultures, quelles qu’elles soient, entretiennent des fondements religieux sous de multiples formes, toute culture contient ses propres fondements, spirituels et religieux, et à commencer par la France, pays laïc remarquable, où les religions coexistent tout aussi remarquablement. Ainsi, ne faut-il pas confondre tout d’abord les termes et le sens qu’ils ont. Il s’agit alors de bien distinguer religion et foi, mais aussi croyance et savoir – à mettre en lien avec la raison –, mais également superstition et comme nous venons de le voir, ainsi que la foi et ses corrélats, tels que la confession, le dogme, la règle, ou les canons, etc. Ainsi, Einstein n’a-t-il pas raison et lorsqu’il propose de définir ce dont on parle avant que de répondre. Ainsi, en philosophie, s’agira-t-il de partir toujours de l’essence des choses pour aller vers leur existence. Concevoir une réflexion philosophique, oui, mais à partir de fondements clairs et vrais.

   

  • Épicure alors, dans sa Lettre à Ménécée, exprime l’idée selon laquelle, si les dieux existent (...) ils ne sont pas tels que la plupart des hommes les conçoivent. (...) et, qui plus est, est impie, d’autre part, non pas celui qui abolit les dieux de la foule, mais celui qui ajoute aux dieux les opinions de la foule. Ceci pouvant alors être traduit par le fait qu’il ne faille pas tant accuser celui qui est athée et refuse de croire aux dieux, mais davantage le prosélyte et celui qui chercherait à propager ses propres convictions en profitant, par exemple, d’une position donnée, et tel qu’il prévarique et profite d’un statut pour persuader celui qui croit à embrasser un dogme. Autrement dit, celui qui chercherait à interpréter ce qui ne le peut l’être d’une part, tout en voulant persuader les autres à suivre son opinion ; qui plus est, agnostique, Épicure considère que les dieux ne jouent aucun rôle sur Terre[5] et que, par conséquent, les hommes ne peuvent justifier leurs actions selon telles ou telles soit disant exhortations divines. La pensée épicurienne pouvant trouver alors pour origine son matérialisme et par le fait que le philosophe du Jardin considère que le kosmos (le monde, en grec) résulte non de l’intervention divine mais davantage de sa composition atomique. En d’autres termes, le philosophe de Samos prend fait et cause pour l’idée selon laquelle tout sur la Terre n’est qu’affaire de combinaison d’atomes et non la conséquence d’une quelconque intervention divine.

    

            En conclusion, il peut apparaître que le problème de la religion – voir celui de l’athéisme –, son ambiguïté et son universalisme relativisé puisse expliquer le panthéisme (Dieu est partout) ou l’agnosticisme[6] en-soi d’un Platon ou d’un Épicure ; qu’en outre – considérant donc la croyance en une entité surnaturelle –, que le fait de l’opposition, sans cesse nourrie entre les dogmes religieux (religions différentes) ou du fait de leur négation (athéisme), puisse avoir engendré cette position philosophique selon laquelle certains se refusent à croire. Ainsi, quand le panthéiste associe l’unité entre Dieu et le monde, l’univers (pas de dieu créateur puisqu’il est infini et immanent), l’agnostique, lui, affirme ne pas savoir. Alors : Oui ! Non ! Peut-être ? D’ailleurs, selon qu’il s’agisse d’hérésie – c’est-à-dire du crime de sacrilège ou d’hétérodoxie – et, dans ce second cas, de celui d’athéisme –, faut-il rappeler que les voies du ciel sont impénétrables ?

 

[1] Dans Histoire naturelle de la religion.

[2] C’est-à-dire, selon le Larousse, Figure de rhétorique par laquelle l'auteur prête la parole à un absent ou à un être inanimé.

[3]Dans l’Apologie de Socrate, 26b/26c, écrit par Platon, Socrate répond à Mélétos ; ce dernier l’accusant, en outre, de ne pas croire aux dieux de la cité.

[4] Est universel, le repère qui s’oppose au singulier et donc, ce qui est valable quelles que soient les conditions singulières. Aussi, une règle générale, par exemple, n’aura pas le même sens qu’une règle universelle qui, en l’occurrence, vaut pour la totalité des hommes et non pour un seul ou quelques-uns.

[5] C’est-à-dire, qu’ils sont par conséquent libres d’agir et maître de leurs actions, mais doivent par contre chercher à atteindre l’ataraxie à l’image des dieux.

[6] Du grec a-gignôscein, l’agnostique considère en effet comme impossible à l’esprit humain l’accès à la représentation divine.

Leçon sur la RELIGION
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À propos

Enseignement de la philosophie des TS1 et TST2S de M. Xavier Moreau au Lycée F. Mitterrand à Moissac